De nécessite vertu

De nécessite vertu

samedi 19 décembre 2015

Les Gens de la nuit, Michel Déon



 Reparaît ces jours-ci à la Table Ronde un roman méconnu de Michel Déon, Les Gens de la nuit, publié pour la première fois chez Plon en 1958. On y suit la déambulation sentimentale et alcoolisée d’un jeune homme vert et triste dans le Paris noctambule des années 50.

 Le fameux incipit, « Cette année-là, je cessai de dormir », donne le ton. Le héros, Jean Dumont, nous emporte avec lui dans ses rondes de nuit. Après une peine de cœur et luttant contre le poids d’une « absence intolérable », ce fils d’académicien s’engage dans la Légion. De retour à Paris trois ans plus tard, Jean Dumont ne parvient pas à se dépêtrer d’insomnies chroniques. Il explore alors la faune nocturne parisienne. Prolongement de la vie dans la vie, la nuit est une maîtresse insoumise et capricieuse. Jean Dumont la fait découvrir à de fortunés étrangers.

 Sans être un récit autobiographique, Les Gens de la nuit est ce qu’on appelle un « roman vrai ». C’est le temps « des phonos et des disques, des séminaristes “indochinois”, des voitures décapotables, de la passion pour le whisky ». Place Pigalle, boîtes de nuit, l’aurore à Montparnasse ou Montmartre, Jean Dumont vagabonde. Ses fréquentations sont romanesques. Gisèle est sa belle de nuit toxicomane. Lella, militante communiste traquée par la police, est la maîtresse d’un ancien SS devenu peintre et cracheur de feu, Michel. 

 Du jazz aux déboires idéologiques, de la violence à la camaraderie, des amours distraites à la recherche du salut, Les Gens de la nuit est le roman du mal de vivre et de la vie malgré tout. Un cours du soir où les boissons d’homme aident à résoudre les équations de la nuit. Où les blessures et les femmes – c’est un peu la même chose – nous font décrocher malgré nous le certificat de la vie.

 Les Gens de la nuit, Michel Déon, La Table Ronde, 186 pages, mai 2015

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire