De nécessite vertu

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samedi 19 décembre 2015

Le Plaisir en toutes choses, Alexandre Astruc



  Il est, avec Michel Déon, le plus éminent nonagénaire français. Rien que ses débuts sont épatants : en 1945, à 22 ans, il publie son premier roman (Les Vacances, Gallimard) tout en suivant le procès de Brasillach pour le journal Combat. Ca a quand même de l’allure. Critique, romancier, cinéaste, Alexandre Astruc raconte le tourbillon de sa vie dans un recueil d’entretiens (avec Noël Simsolo) savamment intitulé Le Plaisir en toutes choses. Le « tonton de la Nouvelle Vague », comme le surnomma Godard, est bien fringuant.

 Sous l’Occupation, il écrit ses premiers articles dans la presse littéraire. Copain avec Sartre et Boris Vian, il vend La cause du peuple. Le voilà bientôt dans les Cahiers du cinéma. En 1948, dans la revue l’Écran français, il signe un article qui le situera dans le paysage cinématographique français : « Naissance d'une nouvelle avant-garde : la caméra-stylo ». « L’auteur écrit avec sa caméra comme un écrivain écrit avec un stylo » affirme t’il. La frontière entre scénariste et réalisateur s’efface. Le genre « cinéma d’auteur » n’est plus très loin. La suite logique l’amène à mettre en scène son premier long-métrage, Les Mauvaises rencontres, en 1955. S’ensuivent La Proie pour l'ombre, La Longue Marche, Flammes sur l’Adriatique… Il ne tarde pas à travailler pour la télévision en adaptant brillamment Flaubert (L'éducation sentimentale), Maupassant (Une vie), Edgard Poe (Le Puits et le Pendule, avec Maurice Ronet), Balzac ou encore Simenon. Il songe toujours aujourd’hui à adapter des nouvelles de Mérimée !

 Ces entretiens reviennent sur les rencontres et les différentes étapes de son parcours. Le refus d’Alexandre Astruc de tout sectarisme, de l’idéologie, l’a amené à coudoyer de biens différents compagnons. Alexandre Astruc fréquentait Nimier, Blondin, Bardot, Sagan, Antonioni, Visconti, Aragon, Malraux, Roger Vadim, Anouk Aimée, Clouzot, Heidegger, Orson Wells, Desnos… Parfum de légende… Ce qui plaît également chez lui, c’est la place qu’il accorde à la littérature dans son œuvre de cinéaste. Il y a chez lui l’idée qu’il n’y a pas grand-chose au-dessus des livres. Il faudrait d’ailleurs relire ses romans : La Tête la première, Le Serpent jaune, Le Permissionnaire, Ciel de cendres…

 Alexandre Astruc, le Plaisir en toutes choses — Entretiens avec Noël Simsolo

Éditions Neige — Écriture, mars 2015



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