Il est, avec Michel Déon, le plus éminent nonagénaire
français. Rien que ses débuts sont épatants : en 1945, à 22 ans, il publie
son premier roman (Les
Vacances, Gallimard) tout en suivant le procès de Brasillach pour
le journal Combat. Ca a quand même
de l’allure. Critique, romancier, cinéaste, Alexandre Astruc raconte le
tourbillon de sa vie dans un recueil d’entretiens (avec Noël
Simsolo) savamment intitulé Le Plaisir en toutes choses.
Le « tonton de la Nouvelle Vague », comme le surnomma Godard, est
bien fringuant.
Sous l’Occupation, il écrit ses premiers articles dans la
presse littéraire. Copain avec Sartre et Boris Vian, il vend La
cause du peuple. Le
voilà bientôt dans les Cahiers du cinéma.
En 1948, dans la revue l’Écran français, il
signe un article qui le situera dans le paysage cinématographique
français : « Naissance d'une nouvelle avant-garde : la
caméra-stylo ». « L’auteur écrit avec sa caméra comme un écrivain
écrit avec un stylo » affirme t’il. La frontière entre scénariste et
réalisateur s’efface. Le genre « cinéma d’auteur » n’est plus très
loin. La suite logique l’amène à mettre en scène son premier long-métrage, Les
Mauvaises rencontres, en
1955. S’ensuivent La Proie pour l'ombre, La
Longue Marche, Flammes sur l’Adriatique…
Il ne tarde pas à travailler pour la télévision en adaptant brillamment
Flaubert (L'éducation
sentimentale), Maupassant (Une
vie), Edgard Poe (Le
Puits et le Pendule, avec Maurice Ronet), Balzac ou encore Simenon.
Il songe toujours aujourd’hui à adapter des nouvelles de Mérimée !
Ces entretiens reviennent sur les rencontres et les
différentes étapes de son parcours. Le refus d’Alexandre Astruc de tout
sectarisme, de l’idéologie, l’a amené à coudoyer de biens différents
compagnons. Alexandre Astruc fréquentait Nimier, Blondin, Bardot, Sagan,
Antonioni, Visconti, Aragon, Malraux, Roger Vadim, Anouk Aimée, Clouzot,
Heidegger, Orson Wells, Desnos… Parfum de légende… Ce qui plaît également chez
lui, c’est la place qu’il accorde à la littérature dans son œuvre de cinéaste.
Il y a chez lui l’idée qu’il n’y a pas grand-chose au-dessus des livres. Il
faudrait d’ailleurs relire ses romans : La Tête la première, Le
Serpent jaune, Le Permissionnaire, Ciel de cendres…
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