De nécessite vertu

De nécessite vertu

mardi 29 décembre 2015

Eric Neuhoff, à la vie comme devant l'écran


On aime son élégance sensible et malicieuse. Il y a chez lui quelque chose de très français, un savoir vivre évident. Une pudeur et une sincérité émouvantes. Ses livres ont fait notre éducation sentimentale. Ou quelque chose comme ça. Il est le prix Roger Nimier 1990 avec Les Hanches de Laetitia. Il a écrit l’un des plus beaux livres sur les souvenirs et la paternité : Comme hier. Son style « ressemble à un costume en lin – chic, froissé, léger » (Jérôme Leroy). Eric Neuhoff aime les mots d’esprit et la beauté du geste. Il n’est pas contre le fait de regarder le passé. Il aime Michel Déon, Truffaut, le style et le panache. Il a visionné Le Mépris une bonne trentaine de fois sans jamais s'en lasser, et écrit ses livres au stylo bille. C'est dans une brasserie du si cinégénique boulevard Saint-Germain que nous le retrouvons, ce fameux boulevard aujourd'hui à sens unique, mais que l'on découvre à double-sens dans Le Feu follet. En sa compagnie, nous évoquons ses livres, convoquons quelques souvenirs, parlons de Maurice Ronet, Pascal Jardin, du cinéma en général. Le soleil brille et les idées fusent, un peu comme des bulles de champagne, cet alcool qui « enchante la mémoire ». 

De Nécessité Vertu : A quel âge avez-vous décidé de devenir écrivain ?
Eric Neuhoff : La première fois à huit ans. Je me souviens, j'avais écrit dans un cahier un petit livre sur Billy the Kid. Je venais sûrement de découvrir les albums de Lucky Luke. Ca s'appelait « le succédeur ». J'avais montré cela à mes parents, qui m'avaient alors dit : « Non, c'est le successeur qu'il faut écrire ! » Cette histoire d'écriture m'est revenue huit ans plus tard, à l'âge de 16 ans, en achetant aux éditions 10/18 un recueil des articles de Jean-Louis Bory. C'est à ce moment-là que je me suis dit : voilà ce que je veux faire ! Et puis, lorsque j'avais vu que Patrick Besson, qui avait le même âge que moi, publiait Les Petits Maux d'amour aux éditions du Seuil tandis qu'il était en terminale, je me suis dit que ce devait être facile et qu'il serait grand temps de me secouer un peu !

D.N.V : Quel serait l'endroit idéal ou vous aimeriez vivre ? Un manoir à la Sagan ?
E.N. : Paris dans le 7e arrondissement. Je n'aime pas la campagne, ça me rappelle trop la province où j'ai grandi... Sinon une maison au bord de la mer Méditerranée lorsqu'il fait grand beau temps, pourquoi pas. Ce ne serait d'ailleurs pas forcément pour y écrire, juste pour y être bien. Parce qu'on peut très bien vivre sans écrire.

D.N.V : A quels moments écrivez-vous ?
E.N. : Je n'écris que quand je n'ai rien d'autre à faire. Quand je n'ai pas un bon livre à lire sous la main ou un bon film à voir.

D.N.V : La notion de plaisir est donc prépondérante ?
Oui, autrement ce n'est pas la peine... Cela me rappelle la phrase de Jacques Laurent il y a longtemps dans une émission de radio à l'encontre d'une romancière qui se lamentait : «- Oh là là, c'est tellement difficile d'écrire ! C'est dur... la page blanche, je souffre ! »... Et Jacques Laurent avait alors eu cette réplique magnifique : « Si vous n'êtes pas faite pour ça n'en dégoûtez pas les autres ! » J'avais trouvé ça génial.

D.N.V : Vous écrivez facilement ?
E.N. : Oui, vite et mal ! La difficulté pour moi au final c'est de m’asseoir et de prendre une feuille de papier et un stylo. Autrement je suis toujours tenté d'aller au café, voir les copains ou un bon film. Mais une fois que je m'assied ça va assez vite.

D.N.V. : Lequel de vos livres préférez-vous ?
E.N. : Le premier. Je me souviens du jour où j'ai reçu les épreuves, ça m'a quand même fait un choc. La vie bascule...

D.N.V. : Dans Précautions d'usage, le tout premier d'entre eux publié en 1982, vous décrivez votre rencontre avec Jean d'Ormesson. Cela s'est-il vraiment passé comme dans votre livre ?
E.N. : Je lui avais écrit car j'avais beaucoup aimé Au plaisir de Dieu et il m'avait répondu. Je ne me rendais pas compte que le directeur du Figaro avait sans doute autre chose à faire que de recevoir un type de 21 ans. Mais à l'époque ça me semblait tout à fait normal. Je pensais même qu'il allait me dire : « Vous déjeunez où ? Venez je vous invite au restaurant !». Quand on voit comment les choses se passent en réalité l'anecdote prête à sourire !

D.N.V. : Relisez-vous vos livres parfois ?
E.N. : Je ne relis jamais mes livres. Je ne voudrais pas avoir envie de corriger des choses !

D.N.V. : Cela vous démangerait-il à ce point ?
E.N. : On publie pour arrêter de corriger un peu en vérité. Précautions d'usage ou encore Un triomphe sont des livres de jeune homme. C'est d'ailleurs peut-être ce qui fait leur qualité, ou leur défaut !

D.N.V. : On le voit dans votre livre sur Michel Déon, vous excellez dans l'art du portrait. Avez-vous plus de facilités dans cet exercice ?
E.N. : Le portrait est plus facile c'est certain, car on a des béquilles. Il y a la personne, ce qu'elle a fait... La difficulté est surtout de trouver un angle d'attaque.

D.N.V. : Dans vos Insoumis vous dressez le portrait de cinq personnages hors du commun (Pascal Jardin, Maurice Ronet, Dominique de Roux, Jean-Pierre Rassam et Paul Gégauff). Pourquoi avoir choisi ces cinq-là ?
E.N. : J'avais trouvé qu'il y avait des parentés entre eux. Ils sont cinq, sont tous morts et avec eux a disparu un certain art de vivre, quelque chose de très français. Ils ne rentraient pas dans le lot. Ils avaient surtout en commun le fait qu'aujourd'hui ils ne pourraient plus exister. L'époque ne le permettrait pas. Paul Gégauff, l'inventeur du fameux dîner de cons, était tellement provocateur que personne ne l'aurait reçu. Comme il n'y a plus de producteurs de cinéma, Pascal Jardin n'aurait jamais pu écrire une centaine de scénario comme il l'a fait. Dominique de Roux, qui rêvait de réconcilier De Gaulle et Mao, n'aurait jamais pu monter sa maison d'édition ni écrire ses livres. Ronet, qu'on a tué tant de fois au cinéma, n'aurait été embauché par personne, parce qu'il buvait trop et était trop à droite. Quant à Rassam (La grande bouffe, La maman et la putain) n'en parlons pas !

D.N.V. : Vous brossez un portrait de Pascal Jardin dans vos Insoumis assez frappant. Comment expliquez-vous qu'il soit si peu connu ?
E.N. : Parce que les gens oublient tout ! Ils ne savent pas qui écrit les films. Ils connaissent déjà à peine le nom du metteur en scène, alors celui du scénariste... C'est le vilain petit canard du cinéma hexagonal. A une époque, la profession avait ses lettres de noblesse. On disait scénariste et cela se prononçait Michel Audiard, Paul Gégauff, Pascal Jardin, Jean-Claude Carrière, Jean-Loup Dabadie. Heureusement il y a toujours un petit culte pour ces gens-là. C'est comme ça qu'on a un peu de chances de durer. En la matière, je crois qu'il faut être bolchévique, peu nombreux mais déterminés !

D.N.V. : Il y a quand même le cas particulier d'Audiard ?
E.N. : Oui mais Audiard en a bavé de son vivant... Je me souviens de Jean-Louis Bory qui disait : « J'ai encore marché dans de l'Audiard, mais heureusement c'était du pied gauche ! » Alors qu'aujourd'hui c'est devenu un classique. Tout le monde connait les répliques du Tontons flingueurs par cœur. Mais il a gagné sur la durée, la preuve.

D.N.V. : Travaillez-vous sur un nouveau livre actuellement ?
E.N. : Je viens de finir un texte de 50 pages sur Audrey Hepburn et Hubert de Givenchy pour un album au Chêne et là je reprends le roman Costa Brava que je dois à Albin Michel depuis des siècles. L'action se déroule dans les années 60-70 en Espagne mais seulement l'été. Le thème c'est les Français en vacances au bord de la mer là-bas. Le personnage principal emmène ses enfants sur la Costa Brava de nos jours, qui eux trouvent ça nul. Du coup il essaye de leur expliquer comment c'était avant, lorsque le pays n'était pas encore bouffé par le tourisme, etc.
D.N.V. : Duquel de vos romans êtes-vous le plus fier ?
E.N. : J'espère que ce sera Costa Brava ! Je ne sais pas encore ce que ça donnera, mais c'est le plus ambitieux. L'histoire court sur 20 ans. Mais il faudrait que ce soit un peu épais cette fois, pour avoir le sentiment de la durée.

D.N.V. : Parlons un peu cinéma si vous le voulez bien. Quels sont les films que vous regardez le plus souvent ?
E.N. : Le Feu Follet ; indémodable. Citizen Kane ; nul besoin d'être spécialiste pour savoir que ce film a tout inventé. Nos plus belles années de Syndney Pollak ; le film le plus fitzgeraldien que je connaisse. Alors que les adaptations des romans de Fitzgerald sont en règle générale toujours ratées, là il y a vraiment eu quelque chose. On arrive même à y trouver Barbara Streisand jolie ! Et puis il y a Vincent, François, Paul et les autres. A chaque fois que je regarde ce film je trouve de nouveaux détails que je n'avais pas remarqué au début. Jean-Loup Dabadie a fait un boulot inouï avec Sautet sur le scénario de ce film.

D.N.V. : Vous citez Le Mépris de Jean-Luc Godard dans au moins quatre de vos livres, si ce n'est plus. Quel rapport entretenez-vous avec ce film ?
E.N. : Si le cinéma est peut-être un art, c'est sans doute à cause de films comme ça qu'on peut le penser. Sa séquence d'ouverture constitue à elle seule un morceau d'anthologie. C'est un film qui s'enrichit à chaque visionnage. Je l'ai vu au moins trente fois et comme j'ai une grande faculté d'oubli je redécouvre encore des choses à chaque fois que je le regarde. 

D.N.V. : Jean-Luc Godard était-il au sommet de son art dans ce film selon vous ?
E.N. : Godard dans tous ses autres films, c'est un type qui n'a rien appris sur l'amour, l'âge adulte, l'enfance. Mais là, assez curieusement, il fait la démonstration d'une maturité, d'une compréhension des rapports entre hommes et femmes qui est assez bluffante... Il ne l'a peut-être pas fait exprès cela dit ! 

D.N.V. : A ce sujet, est-ce vrai que vous l'avez croisé un soir, marchant seul sur la Croisette à Cannes ?
E.N. : Oui tout à fait.

D.N.V. : Racontez-nous...
E.N. : Une nuit vers trois heures du matin, je l'aperçois qui boite sur la Croisette, mal rasé, en veste en tweed malgré la température (c'était le moment où il était un peu dans le creux de la vague, et pas encore redevenu à la mode). Il était seul, avec son cigare. Son film Passion avait été plus ou moins sifflé. Là-dessus, j'ai presque envie d'aller lui serrer la main, de lui dire combien ses premiers films ont compté pour moi. Mais je n'ai pas bougé.

D.N.V. : Pourquoi donc ?
E.N. : Qu'est-ce que ça pouvait lui faire, qu'on ait aimé ses premiers films ?

D.N.V. : On vous rattache souvent à une tradition très française des nouveaux hussards, mais vous êtes aussi un passionné de littérature américaine. Quels auteurs appréciez-vous ?
E.N. : J'adore la littérature anglo-saxone en effet. Richard Ford, Bret Easton Ellis quoi qu'on en dise, beaucoup d'autres... Je trouve la littérature américaine vraiment formidable. Il y a un souffle, et puis ils savent raconter des histoires, ce qui n'est pas toujours évident chez les Français. Très peu savent le faire.

D.N.V. : Qui par exemple ?
E.N. : Besson sait faire.

D.N.V. : Qui d'autre appréciez-vous dans la production littéraire française actuelle ?
E.N. : J'apprécie Frédéric Beigbeder, parce qu'il sait écrire. Sa chance à lui, et presque malgré lui, c'est que les rares gamins qui ont envie d'écrire le font à cause de lui. J'aime beaucoup Charles Dantzig aussi.

D.N.V. : Vous venez de publier un Dictionnaire chic du cinéma, aux éditions Ecriture. On peut également vous retrouver dans l'émission de cinéma Le Cercle, animée par Frédéric Beigbeder. Dans quel rôle êtes vous le plus à l'aise, lorsque vous démontez un film façon puzzle ou lorsque vous défendez un film avec passion,  comme vous savez si bien le faire dans vos livres?
E.N. : C'est plus amusant et gratifiant de démolir un film de façon marrante. Mais c'est beaucoup plus difficile de trouver les mots pour donner envie d'aller voir un beau film. Le tout si le film est sans intérêt, c'est d'essayer d'être plus intéressant que le film pour se faire pardonner.

D.N.V. : Etes-vous aussi client de séries américaines, et si oui lesquelles?
E.N. : J'en regarde tout le temps. Je trouve ça très bien fait. En ce moment, je suis la saison 6 de Mad men ; ils fument et boivent du whisky à longueur de journée là-dedans, The Hour, dont l'action se déroule à la BBC dans les années 60 ou encore Breaking bad sur le prof de chimie qui devient trafiquant... Je ne sais pas comment ils font car ce ne sont jamais les mêmes scénaristes qui les écrivent mais il faut tout de même reconnaître que c'est extrêmement bien foutu.

D.N.V. : Quelle est la dernière pépite vue au cinéma que vous nous conseilleriez d'aller voir ?
E.N. : Nebraska d'Alexander Payne, c'est formidable. Le film est en noir et blanc, c'est magnifique.

D.N.V. : Et le film à ne surtout pas voir ?
E.N. : Le dernier Catherine Breillat... Mais là c'est un pléonasme.

D.N.V. : Vous dites, je ne sais plus trop à quel sujet , que « certains sont faits pour la fraternité, pour se perdre dans ses méandres, pour le vacarme des serments ». Est-ce votre cas ?
E.N. : Je l'aimerais. Je crois beaucoup en l'amitié, aux bandes, aux choses comme ça. Pour moi, les trahisons en amitié sont pires que les trahisons amoureuses, qui font presque partie du lot. Lorsqu'il s'agit d'amitié, ce qui est gênant, c'est qu'on a vraiment l'impression de s'être fait piéger et d'avoir été pris pour un con.

D.N.V. : La trahison amoureuse est justement l'un des thèmes abordés dans Mufle, qui est également un modèle de concision. Comment êtes-vous parvenu à un tel résultat ?
E.N. : C'était en effet le but recherché. Mes livres ne sont jamais bien longs de toute manière. Je pars toujours pour écrire Guerre et Paix et cela finit le plus souvent en petite plaquette ! Parce que je m'ennuie... J'aimerais écrire des livres comme Un Taxi Mauve ou comme les romans de John Irving, mais je ne dois pas être fait pour ça. Le problème c'est que bien ou mal on s'est toujours donné autant de peine, ou pas assez je n'en sais rien... Et puis ce n'est pas à l'auteur de juger le résultat. Il n'y a que Christine Angot pour parler de son travail en disant « c'est de la littérature ».

D.N.V. : Quel conseils donneriez-vous, rétrospectivement, à l'écrivain débutant  que vous étiez il y a de cela trente ans ?
E.N. : Je ne sais pas trop car je trouve que j'ai eu beaucoup de chance. Dans les années 80 on s'est quand même beaucoup amusé. C'était avant le règne de l'argent partout, le cinéma était encore pas mal du tout ; on est beaucoup sorti, on a publié des livres... J'ai aussi eu l'immense chance de rencontrer tous les gens que j'appréciais.

D.N.V: Etes-vous mélancolique de cette période ?
E.N. : Non parce que j'ai l'impression de continuer à faire la même chose.

D.N.V. : Finalement votre « malheur » n'aura-t-il pas été d'avoir publié trop tôt ?
E.N. : Ah non trop tard ! Moi je voulais être Sagan....

D.N.V. : Quelle rencontre vous a le plus marqué ?
E.N. : Ma rencontre avec Michel Déon, qui est devenu un ami. J'avais été le voir en Grèce. Un beau souvenir. 

D.N.V. : Que peut-on vous souhaiter aujourd'hui, si ce n'est d'entrer à l'Académie ?
E.N. : Non merci ! Je ne peux pas m'entendre avec 39 personnes en même temps. Ou alors il faut y aller comme Jacques Laurent, pour ne pas finir sous les ponts...

D.N.V. : On ne peut pas vous quitter sans vous poser cette question essentielle : qu'est devenue Laetitia Hèze ? (l'héroïne des Hanches de Laetitia)
E.N. : Comme je l'avais inventée, j'espère qu'aujourd'hui elle existe. C'était plus une rêverie de cinéma. Mais j'aurais aimé qu'elle existe vraiment à l'époque.
                                                        

samedi 19 décembre 2015

Le Plaisir en toutes choses, Alexandre Astruc



  Il est, avec Michel Déon, le plus éminent nonagénaire français. Rien que ses débuts sont épatants : en 1945, à 22 ans, il publie son premier roman (Les Vacances, Gallimard) tout en suivant le procès de Brasillach pour le journal Combat. Ca a quand même de l’allure. Critique, romancier, cinéaste, Alexandre Astruc raconte le tourbillon de sa vie dans un recueil d’entretiens (avec Noël Simsolo) savamment intitulé Le Plaisir en toutes choses. Le « tonton de la Nouvelle Vague », comme le surnomma Godard, est bien fringuant.

 Sous l’Occupation, il écrit ses premiers articles dans la presse littéraire. Copain avec Sartre et Boris Vian, il vend La cause du peuple. Le voilà bientôt dans les Cahiers du cinéma. En 1948, dans la revue l’Écran français, il signe un article qui le situera dans le paysage cinématographique français : « Naissance d'une nouvelle avant-garde : la caméra-stylo ». « L’auteur écrit avec sa caméra comme un écrivain écrit avec un stylo » affirme t’il. La frontière entre scénariste et réalisateur s’efface. Le genre « cinéma d’auteur » n’est plus très loin. La suite logique l’amène à mettre en scène son premier long-métrage, Les Mauvaises rencontres, en 1955. S’ensuivent La Proie pour l'ombre, La Longue Marche, Flammes sur l’Adriatique… Il ne tarde pas à travailler pour la télévision en adaptant brillamment Flaubert (L'éducation sentimentale), Maupassant (Une vie), Edgard Poe (Le Puits et le Pendule, avec Maurice Ronet), Balzac ou encore Simenon. Il songe toujours aujourd’hui à adapter des nouvelles de Mérimée !

 Ces entretiens reviennent sur les rencontres et les différentes étapes de son parcours. Le refus d’Alexandre Astruc de tout sectarisme, de l’idéologie, l’a amené à coudoyer de biens différents compagnons. Alexandre Astruc fréquentait Nimier, Blondin, Bardot, Sagan, Antonioni, Visconti, Aragon, Malraux, Roger Vadim, Anouk Aimée, Clouzot, Heidegger, Orson Wells, Desnos… Parfum de légende… Ce qui plaît également chez lui, c’est la place qu’il accorde à la littérature dans son œuvre de cinéaste. Il y a chez lui l’idée qu’il n’y a pas grand-chose au-dessus des livres. Il faudrait d’ailleurs relire ses romans : La Tête la première, Le Serpent jaune, Le Permissionnaire, Ciel de cendres…

 Alexandre Astruc, le Plaisir en toutes choses — Entretiens avec Noël Simsolo

Éditions Neige — Écriture, mars 2015



Les Gens de la nuit, Michel Déon



 Reparaît ces jours-ci à la Table Ronde un roman méconnu de Michel Déon, Les Gens de la nuit, publié pour la première fois chez Plon en 1958. On y suit la déambulation sentimentale et alcoolisée d’un jeune homme vert et triste dans le Paris noctambule des années 50.

 Le fameux incipit, « Cette année-là, je cessai de dormir », donne le ton. Le héros, Jean Dumont, nous emporte avec lui dans ses rondes de nuit. Après une peine de cœur et luttant contre le poids d’une « absence intolérable », ce fils d’académicien s’engage dans la Légion. De retour à Paris trois ans plus tard, Jean Dumont ne parvient pas à se dépêtrer d’insomnies chroniques. Il explore alors la faune nocturne parisienne. Prolongement de la vie dans la vie, la nuit est une maîtresse insoumise et capricieuse. Jean Dumont la fait découvrir à de fortunés étrangers.

 Sans être un récit autobiographique, Les Gens de la nuit est ce qu’on appelle un « roman vrai ». C’est le temps « des phonos et des disques, des séminaristes “indochinois”, des voitures décapotables, de la passion pour le whisky ». Place Pigalle, boîtes de nuit, l’aurore à Montparnasse ou Montmartre, Jean Dumont vagabonde. Ses fréquentations sont romanesques. Gisèle est sa belle de nuit toxicomane. Lella, militante communiste traquée par la police, est la maîtresse d’un ancien SS devenu peintre et cracheur de feu, Michel. 

 Du jazz aux déboires idéologiques, de la violence à la camaraderie, des amours distraites à la recherche du salut, Les Gens de la nuit est le roman du mal de vivre et de la vie malgré tout. Un cours du soir où les boissons d’homme aident à résoudre les équations de la nuit. Où les blessures et les femmes – c’est un peu la même chose – nous font décrocher malgré nous le certificat de la vie.

 Les Gens de la nuit, Michel Déon, La Table Ronde, 186 pages, mai 2015

Ces amis qui enchantent la vie, Jean-Marie Rouart


  Sa plus belle histoire d’amour, c'est elle : la littérature. Et c’est bien connu, la littérature est une maîtresse dévorante. Jean-Marie Rouart souligne à raison : « le mystère de la lecture, c’est que, de toutes les passions, c’est une de celles qui ne s’épuisent pas ». Dans ce livre-somme, Ces amis qui enchantent la vie, sous-titré Passions littéraires, l’académicien et ancien directeur du Figaro littéraire s’adonne à ce plaisir rare et hautement estimable lorsqu’il est bien fait : admirer.

 Tout au long de ces 900 pages, Jean-Marie Rouart présente les écrivains (120) qui ont compté pour lui, français ou étrangers. Naturellement, c’est subjectif et arbitraire. Y’a-t-il une autre façon d’aimer ? Car c’est bien d’amour qu’il s’agit ; l’amour immodéré des mots et des écrivains qui nous en apprennent un peu plus sur l’existence : des classiques (Stendhal tendance Chartreuse de Parme, Musset…) aux écrivains plus confidentiels (Joseph Delteil, P.-J. Toulet, Maurice Sachs…) « qui n'encombrent pas les autoroutes de la célébrité ».

 Jean-Marie Rouart dresse portraits d’écrivains et mêle morceaux choisis de leurs livres – pas nécessairement les plus attendus. Si presque tous sont morts, il a retenu quelques vivants comme Michel Déon ou Houellebecq notamment. Il fait également de la place aux femmes, comme Colette, dont il ne faut jamais manquer une occasion de saluer le style. Jean-Marie Rouart présente « ses » écrivains en différentes catégories. On trouvera par exemple :
-          les soleils païens (Rabelais, Restif de la Bretonne…)
-          les cœurs en écharpe (Fitzgerald, Rilke, Aragon, Apollinaire…)
-          les magiciens (Cocteau, Blondin, P.-J. Toulet …)
-          les amants malheureux de l'Histoire (Stendhal, Péguy, Drieu la Rochelle…)
-          les bourlingueurs de l'infini (Conrad, Hemingway, Pierre Loti, Blaise Cendrars…)
-          les fracasseurs de vitres (Bernanos, Céline, Suarès…)
-          les Printemps foudroyés (Roger Nimier, Raymond Radiguet…)
-          les polémistes à poil dur (Léon Bloy, Charles Maurras…)
-          les monuments (Flaubert, Tolstoï…)
-          les moitrinaires (Montaigne, Nourissier…)

  Une bien chouette équipée d’écrivains à découvrir ou à revisiter. On aime dans ce livre l’émouvante sincérité d’un homme « qui à 18 ans ratait à peu près tout » et s’est en quelque sorte réconcilié avec la vie grâce aux livres. Les souvenirs délivrés par Jean-Marie Rouart sur son rapport à la lecture sont touchants : enfant, il revenait de l’école et écoutait, en compagnie de sa mère, le poste de radio qui, par la voix d’une comédienne, diffusait la lecture d’un roman commencé la veille. On aime également le fait qu’il s’attache uniquement aux considérations littéraires, au plaisir que procure le style d’un auteur. Il épargne au lecteur toute considération morale. Enfin, on aime ses audaces : Rouart parle d’infréquentables comme Gobineau ou Léon Daudet.

 Il y a un plaisir fou à déambuler dans ce livre, qui a tout d’un classique en devenir. C’est une (belle) histoire de la littérature par Jean-Marie Rouart. « Je demandais aux livres : comment fait-on pour vivre, pour aimer, pour être heureux ? ».

 Ces amis qui enchantent la vie, Jean-Marie Rouart, Robert Laffont

Crans-Montana, Monica Sabolo




 Couronnée par le prix de Flore 2013 pour Tout Cela n’a rien à voir avec moi (JC Lattès), Monica Sabolo revient avec un récit saganesque en diable au cœur des sixties finissantes : Crans-Montana.

 Le spleen de la jeunesse dorée fait parfois de bons livres. On y trouve souvent une matière romanesque qui n’est pas désagréable. En particulier pour les générations d’après-guerre. Dans Crans-Montana, du nom de la très sélect station de ski helvète, Monica Sabolo met en scène l’existence de trois jeunes femmes aussi énigmatiques qu’irrésistibles. Les « trois C » sont inséparables. Une italienne, deux françaises. Trio magique. Il y a Claudia, une blonde étourdissante aux « hanches menues » et au « sourire enjôleur » ; Chris, « peau mate, lèvres provocantes, ongles longs comme des griffes », et puis Charlie, « cheveux noirs jusqu’aux fesses, petits seins ». Que dissimulent-elles derrière leur joli minois, leur sourire désarmant, leurs longues jambes et leurs manteaux de fourrure ? Naturellement, les garçons sont tous amoureux d’elles. Qu’ils soient parisiens ou milanais, timides ou audacieux, ils sont subjugués. Ils les suivent sur les pistes de ski, les terrains de tennis, les parcours de golf, aux soirées. Elles aimantent les regards, exercent une fascination assez singulière.

 A Crans-Montana, les riches familles européennes viennent passer l’hiver. La jeunesse dorée y séjourne avec l’idée exquise de ne rien faire. Cette génération née juste après la guerre a bien envie de folâtrer. Dans la première partie, Monica Sabolo donne la parole aux « garçons », utilisant un « nous » de camaraderie. Les garçons scrutent l’insondable trinité féminine. Ils sont plus ou moins tenus à distance. Les fantasmes ne sont pas loin de leurs suffire. Un certain romantisme guette le cœur de ces jeunes hommes.

 La deuxième partie du roman s’articule autour des ruminations des jeunes femmes. On quitte les sixties pour les années 80. Opulence, fêtes dissolues, drogues. Des chalets aux boîtes de nuit, l’univers des « trois C » se délite. Cocaïne, caviar, chute. Leur destin a un arrière-goût de tragique. Le sentiment de l’inéluctable plane. La tension dramatique est habilement rendue par Monica Sabolo. Le romantisme du début de récit se mue en noirceur tenace. En arrière-plan, la société des années 70 et 80 : l’après mai 68, la Françafrique, les effluves de la Collaboration…

 D’une écriture fluide et plaisante, assez sensitive (quelques jolies métaphores notamment), Monica Sabolo a su capter une certaine atmosphère : vague à l’âme adulescent au cœur d’un milieu social huppé. S’exerce un certain magnétisme qui doit beaucoup à ce paysage de montagne et de lumières, à cet univers ouaté et vénéneux. Entre poésie et désenchantement, Crans-Montana est une réussite.

  Monica SaboloCrans-Montana, JC Lattès, 240 p

Avant de rejoindre le grand soleil, Daniel Parokia




   Il ne faut pas mésestimer le spleen estival : il est souvent à l’origine de jolis romans. 
Avant de rejoindre le grand soleil de Daniel Parokia en est un. En lice pour le prix de Flore (comme Les Années Foch), ce récit à la tonalité fitzgeraldienne assumée nous ramène à l’été 1959, sur une Côte d’Azur mythifiée. Joël, qui n’a pas de raison d’être sérieux puisqu’il a dix-sept ans, fait la connaissance des jumeaux Gilles et Liliane Blin, la vingtaine dorée et dilettante. C’est pour Joël l’occasion de croire enfin aux vacances, lui qui songe vaguement au « bonheur prétendu d’exister ».

 Après deux chapitres déroutants qui narre la création de l’Ambre Solaire et s’attarde sur la question des tempêtes solaires, le roman se dévoile enfin. Le charme, le romanesque ont alors toute leur place. Devant cet horizon de cap, de golfs et de dancings, le trio s’ébroue parmi les vagues et les arbousiers. Les jours « s’effilochent comme une dentelle ». Une « triste sensation de bouche sèche que ni le pastis ni les bains de mer n’arrivent à chasser » domine. Liliane allume des Lucky Strike Classic à son frère Gilles, bronze seins nus, propose à Joël de l’ambre solaire, « cet accord rosé, vanillé et poudré qui serait toujours associé au bonheur ». Joël en pince pour Liliane. Evidentemente. Avant elle, il « fumait nonchalamment ses cigarettes américaines » sur sa terrasse accablée de chaleur. Il ne se voyait pas d’avenir immédiat ; il n’y avait « que la vie, le temps et leur lente patine ». Avant elle, il « était prêt à désespérer ». Désormais, il y a des étreintes, des robes échancrées et des jeux de plages. On parle de bains de minuit à Pampelonne. On s’enivre. On vadrouille en « Floride bleu décapotée », s’habille en pantalon Vichy, boit des Campari. A Saint-Tropez, on croit apercevoir Bardot, Maurice Ronet ; on regarde le défilé des Jaguar, Bugatti et autres Aston-Martin.

 Bientôt, Liliane se montre « distante, fuyante » ; elle trouve à Joël des « goûts de vieux ». Elle est « si décevante » tranche-t-il amèrement. L’insouciance se mue en désenchantement et petites cruautés. Et le pire est à venir. Dans la moiteur de la Riviera s’invite un jeune architecte un peu poseur et la candide Evelyne. Elle lit des poèmes chinois, fume immanquablement des Royales, participe à l’élection de Miss Canadel et trouve Joël à son goût. Tout ce petit monde se retrouve au casino de Monte-Carlo et bientôt au cœur d’une excursion maritime qui vire au tragique. Les contusions sentimentales paraissent bien futiles après ça. La mélancolie balnéaire des fifties finissantes se mêle à la fureur du monde : bientôt, c’est l’Algérie, la catastrophe du barrage de Fréjus, la fin de l’innocence.

 Ce roman se caractérise surtout par son style : il est à la fois une réussite et une interrogation. On trouve un vrai ton, des dialogues amusants et habiles, de jolies formules (« les yeux de Liliane, des mélodrames, semblaient chanter une chanson des rues »). Il y a foisonnement de détails, notamment sur les papillons, qui trouveront certes leur utilité mais qui brouillent parfois la lecture. Et puis, de manière assez surprenante, une certaine lourdeur, une impression de surécriture gâte le récit. On trouve des phrases comme : « Pensif, il avait vu la volute vert émeraude s’enfoncer d’un trait vif dans l’alcool incolore, et diffuser dans une corolle en expansion constante, champignon à l’envers dont l’explosion, maintenant, le remplissait de mélancolie » … Heureusement que la phrase précédente est « Gilles sirotait un cocktail menthe » … Et de manière générale, la surabondance d’un vocabulaire technique entache certaines phrases : « C’étaient des vagues de courtes périodes. On voyait se succéder leurs ombilics hyperboliques dont le contour anguleux s’effilait en rebroussements, devenant instable, fragile sur les brisants, ce qui donnait, çà et là, des déferlantes » … Bref, quand c’est trop, c’est Tropico. Pour décrire une vague, Morand parlait « d’une fierté abaissée par une autre » … 

 L’atmosphère de l’époque et de la région (« de petits pèlerinages fitzgeraldiens ») est très bien rendue. Il se dégage de ce récit un vrai charme, une certaine nostalgie qui va bien au teint. Les amateurs de Fitzgerald trouveront quelques passages sympathiques : l’expression « vieux frère » est lancée, les protagonistes parlent de scier en deux un garçon de café… L’été et sa langueur monotone, son spleen, ses instants de grâce sont autant d’ingrédients qui participent à la réussite du roman de Daniel Parokia.

Daniel Parokia, Avant de rejoindre le grand soleil, Buchet-Chastel

mardi 15 décembre 2015

André Fraigneau ou l’élégance du phénix, Bertrand Galimard Flavigny




André Fraigneau. Sur un demi-siècle, il a rassemblé trois générations de lecteurs. Edmond Jaloux, Chardonne, Brasillach l’ont fait découvrir. En 1956, à l’initiative de Michel Déon, les « Hussards » écrivent des cartes-préfaces pour la parution de l'Amour vagabond : « Durant tout le temps que Fraigneau avait pratiquement cessé d'écrire, il me semblait que la nuit tombât plus vite. Je crois maintenant que les jours vont rallonger » résume Blondin qui, comme Déon, lui dédiera son premier roman. Ils le considéraient comme un maître en écriture, en lecture ; Nimier avouait même : « Fraigneau nous a donné des leçons d’admiration ». La troisième génération l’accompagna jusqu’à sa mort, le 30 avril 1991.  Olivier Frébourg et Jean-René Van der Plaetsen dînaient avec lui chaque lundi. Et Bertrand Galimard Flavigny, dans les années 80, enregistra avec lui cinq émissions à la radio, dont les entretiens sont retranscris dans ce juste et élégant livre que lui consacre les Editions Séguier : André Fraigneau ou l’élégance du phénix (avec une jolie préface de Michel Déon.) A noter également, le dernier numéro de la Revue Livr’Arbitres, consacré à Fraigneau, sous la direction de Michel Mourlet.

 André Fraigneau. Il voulait "écrire sur la grandeur".  La grandeur sans fracas ni fanfare. Avec noblesse. L’annonce, franche et limpide, était faite dès la première ligne de son premier livre. Il prenait soin d’ajouter : « mais à qui écrire ? On n’écrit pas pour soi. » C’est ainsi que débute Val de Grâce (1930). Livre talisman pour tous les aficionados de Fraigneau. Le paragraphe qui en découle est l’un des plus forts premiers paragraphes de roman. « Son nom s'est transmis comme un mot de passe et son œuvre comme un sésame » écrira Pol Vandromme. Il avait la Grèce et l’Italie au cœur (« On vit en Grèce dans la familiarité avec les dieux, on a cessé d’être humain. On devient meilleur en Italie, mais en passant par l’humain »), le bon goût de boire du whisky et d’en offrir, aimait à fumer cigarette sur cigarette, considérait « l’amour comme un plaisir civilisé ». Il inventa, selon Dominique Villemot, « le présent du subjectif ». Son journal apocryphe de Louis II de Bavière a inspiré des scènes à Visconti pour son Ludwig ou le Crépuscule des Dieux. Comme le souligne Bertrand Galimard Flavigny, son art de vivre « ressemble à son écriture, elle est juste, précise et imagée ».

 André Fraigneau. Latiniste, helléniste, il était à la fois romancier, portraitiste hors-pair, essayiste, éditeur. D’une grande liberté d’esprit et d’une saine curiosité, il fut conseillé littéraire chez Grasset, puis à la Table Ronde, enfin chez Stock. Dans Bagages pour Vancouver, Michel Déon se rappelle qu'André Fraigneau arrachait littéralement – à lui et à d’autres écrivains – « une à une les pages des romans qu'ils auraient sans lui longtemps remis au lendemain, c'est-à-dire peut-être jamais ». Il était un véritable « initiateur » (Pol Vandromme). Il avait plus que tout le sens de l’amitié. La Rhumerie martiniquaise le voyait souvent coudoyer Déon et Blondin : « Nous nous retrouvions là, chacun apportant son dernier chapitre. Antoine Blondin écrivait L’Europe buissonnière, Michel Déon, Je ne veux jamais l’oublier, et moi L’Amour vagabond ». Il avait pour ami Cocteau, Drieu, Brasillach. Malraux insista pour que l’on publiât chez Gallimard. Marguerite Yourcenar le harcelait. Elle aimait à raconter cette jolie anecdote : l’éditeur Bernard Grasset, constatant les quelque 800 exemplaires de ses livres vendus dans l’année, disait à Fraigneau : « Mon petit, qu’est-ce que nous faisons ? » - « Monsieur, de toute façon, c’est la qualité » - « Eh bien, si c’est la qualité, allons-y ».

 Du destin romanesque de Guillaume Francoeur (L'IrrésistibleCamp-Volant et La Fleur de l'âge) au cycle des journaux apocryphes (Le Livre de raison d'un roi fouJournal profane d'un solitaire), André Fraigneau a composé une œuvre riche qui a influencé bons nombres d’écrivains. Jacques Chardonne avait tout dit quand il écrivit à Roger Nimier, en 1954 : « Fraigneau a la meilleure plume aujourd’hui dans le style sec et brillant, le style qui a de l’esprit et qui fait sourire de bonheur ». Entretiens recueillis par Bertrand Galimard Flavigny, témoignages d’écrivains qui l’ont côtoyé et de ceux qui l’ont suivi, chroniques de Fraigneau lui-même, André Fraigneau ou l’élégance du phénix est le livre idéal pour découvrir ou redécouvrir l’auteur du Val de Grâce.