De nécessite vertu

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mardi 5 janvier 2016

Fortune de mer, Jean-Luc Coatalem

  

 Quel est le point commun entre une chanson de Miossec (« Fortune de Mer ») et le prix Goncourt 1912, André Savignon, pour les Filles de la pluie ? Cette chanson et ce récit ont inspiré le nouveau roman de Jean-Luc Coatalem, Fortune de Mer, une histoire joliment énigmatique qui se déroule sur l’île d’Ouessant, fragment de lande et de granit en mer d’Iroise. Qui voit Ouessant voit son sang. 

 A l’instar des Filles de la pluie, Jean-Luc Coatalem va relater des scènes de la vie ouessantine. On connait son goût pour les édens insulaires (Je suis dans les mers du Sud, Le gouverneur d’Antipodia…). Rien de plus évident alors pour ce brestois que de retrouver son nouveau récit en terre finistérienne. La saison estivale touche à sa fin. En ce tout début septembre, dans l’avion le menant de Guipavas à Ouessant, l’apiculteur Robien Lescop aperçoit le grand druide de Bretagne venu célébrer un mariage dans le strict respect de la tradition celte. Dès l’embarquement, il a également repéré une irrésistible reporter-photographe espagnole dont le maintien de danseuse interpelle la gent masculine. 

 Avant les « mois noirs », Ouessant va connaître son drame dans le déclin estival. Robin Lescop, l’habitué de Lampaul, est venu voir les abeilles noires dont la gelée royale permettra peut-être de créer une « crème anti-âge ». Dans l’atmosphère troublante de Ouessant, le héros est confronté à un ballet de déroutants personnages : un groupe d’ornithologues japonais, Vassili le chanteur breton rivé au bar depuis le tangage de ses amours, un drôle de type qui se rêve détective, et cette reporter espagnole, Lucia, qui disparaît bientôt dans la lande… 

 Dans le crachin, la poésie des embruns et les cœurs d’écume, Jean-Luc Coatalem signe un roman en forme de fable errante, tendrement farfelu, onirique et policière. Dans la sauvage Ouessant balayée par les phares, Coatalem déploie tout son talent de conteur, d’écrivain du paysage et de la mélancolie. Si vous aimez le tendre pastel des aubes finistériennes, le crépuscule en mer d’Iroise, alors vous ne serez pas déçus.

Fortune de mer, Jean-Luc Coatalem. Stock. 173 pages.

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